Bandeau pour La Racine de l’Ombú
La Racine de l’Ombú
Alberto Cedrón, Julio Cortázar

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Mathias de Breyne

20,00 € TTC - 18 x 24 cm - 96 pages
ISBN : 979-10-90507-098
Coll. À l'ombre du maguey
Sortie le 8 novembre 2013

Une voiture tombe en panne dans la campagne argentine. Son conducteur, étranger, trouve refuge dans une maison bordant la route, le foyer accueillant d’Alberto. La nuit est prétexte à toutes les confidences et Alberto raconte son histoire, celle de sa famille et celle de son pays, l’Argentine, pris dans les remous de la dictature et de la lutte sociale.
Œuvre conjointe de deux Argentins exilés en Europe, La Racine de l’Ombú plonge le lecteur dans une allégorie de l’Argentine des années trente aux années quatre-vingt, à travers une divagation sur l’histoire, une hallucination nocturne contre l’oubli.

Les auteurs

Alberto Cedrón (1937-2007) est né à Buenos Aires. Il est considéré comme un peintre majeur argentin, ainsi qu’un artiste complet : sa recherche plastique touchant tant à la gravure, à la sculpture, qu’à la peinture murale et à la céramique…
Pilier de l’avant-garde des années 1960-1970, il est dans un premier temps, avec ses frères et son père, l’un des membres du fameux « Clan Cedrón ». Cette grande famille encourage en effet le plaisir de la lecture, l’architecture, la musique et le cinéma. Il travaille dès l’enfance dans l’usine de céramique avec son père. Cette famille (qui regroupe notamment le compositeur de tango Juan Tatá Cedrón,fondateur du Cuarteto Cedrón ; un architecte ; un cinéaste…) a partagé de nombreux projets artistiques.
Les contingences historiques et personnelles de l’artiste l’amènent à voyager dans plusieurs pays : France, Italie, États-Unis, Espagne, Brésil, Venezuela, Portugal et Paraguay où il séjourne et laisse une trace sous forme d’oeuvres murales, de sculptures et de peintures que l’on retrouve dans de nombreux musées. Au Portugal aussi, où il séjourne 15 ans, l’artiste réalise, pour la fundación Berardo, trois grandes peintures murales en céramique totalisant 450 m2.
Malgré la destruction de bon nombre d’oeuvres murales de Buenos Aires, il existe toujours, sur la place Roberto Arlt du centre ville de la capitale, des peintures signées Cedrón.
Il s’éteint dans sa ville natale en 2007.

Julio Cortázar est considéré comme l’un des plus grands écrivains latino-américains du XXe siècle. Il est né en 1914 à Bruxelles, où son père était consul argentin, le jour du premier bombardement allemand sur la ville. Après un détour par la Suisse et Barcelone, la famille retourne à Buenos Aires. Julio a alors quatre ans et connaît le traumatisme de l’abandon de son père qu’il ne reverra plus, blessure originelle que l’on retrouvera dans une de ses nouvelles : « un jour [il] est parti acheté des cigarettes et n’est plus jamais revenu ».
Les années passent, Julio se réfugie dans la lecture, découvre Jules Verne, Franz Kafka et Edgar Allan Poe. Sans avoir obtenu son diplôme en philosophie et en lettres, Julio Cortázar devient professeur de littérature française à l’université de Cuyo, à Mendoza. Opposant au régime péroniste, il fuit l’Argentine pour s’installer en France en 1951 où il restera jusqu’à sa mort, en 1984, peu de temps après avoir obtenu la nationalité française. Écrivain engagé, fervent défenseur des processus révolutionnaires en Amérique latine, il renoncera à intégrer le groupe de l’Oulipo, pas suffisamment ancré dans une démarche politique selon lui.
Maître dans l’art de la nouvelle teintée de fantastique, il est l’auteur de très nombreux recueils de nouvelles (Bestiario, 1951 ; Las armas secretas, 1959 ; Historias de cronopios y famas, 1962 ; etc.) ainsi que du roman Marelle (1963), qui marque un tournant dans la littérature latino-américaine et reste une des oeuvres les plus commentées en langue espagnole. Il publie ensuite Le livre de Manuel en 1973 qui lui vaudra le prix Médicis étranger. Son oeuvre se caractérise par l’expérimentation formelle, l’intrusion du fantastique et du surréalisme, à travers une approche empreinte d’humour, plus ludique et moins érudite que celle de l’autre grand écrivain argentin, Jorge Luis Borges.

Extraits

Le mot des éditeurs

Si l’édition de l’œuvre en langue originale présente le livre sous forme de BD, nous lui préférons, pour l’édition française, une approche plus contemporaine, celle d’un roman graphique qui interroge les frontières génériques. En effet, les deux auteurs n’ont cessé de revendiquer ce brouillage de pistes, chacun à leur manière, dans leur trajectoire artistique : Alberto Cedrón n’était pas dessinateur mais peintre et sculpteur, passionné de peintures murales surdimensionnées, et l’on connaît le brio avec lequel Julio Cortázar amène le lecteur, de manière parfois imperceptible, au seuil du fantastique, cet autre réel symbolisé ici par l’arbre Ombú.
Le choix du roman-graphique pour cette œuvre originale et inédite s’inscrit donc dans la volonté de notre collectif éditorial de mettre en valeur aussi bien la beauté picturale des planches d’Alberto Cedrón que la force du récit de Julio Cortázar.

Un livre oublié
Entre 1977 et 1978, Julio Cortázar alors à Paris et Alberto Cedrón exilé à Rome se retrouvent plusieurs fois dans la capitale française pour travailler sur ce projet initié par l’artiste peintre qui demande à l’écrivain de mettre des mots sur ses dessins. Tous les deux très sensibles aux événements tragiques de la dictature, ils se mettent à l’œuvre d’arrache-pied. Bien évidemment censurée en Argentine, la seule édition de trois cents exemplaires et de mauvaise qualité a eu lieu contre la volonté du peintre chez un petit éditeur du Venezuela, à qui Alberto Cedrón avait laissé négligemment les originaux.
C’est en 2004, grâce à Facundo de Almeida, le commissaire de l’exposition itinérante Presencias à Buenos Aires qui a commémoré les quatre-vingt-dix ans de la naissance de Julio Cortázar, que l’ouvrage a été réellement édité. Il a convaincu Alberto Cedrón, qui vivait alors à Lisbonne, de se rendre à Buenos Aires avec la seule copie de l’édition vénézuélienne qui lui restait afin de publier le livre à l’occasion de l’exposition.
Comme les originaux avaient été perdus, l’artiste a travaillé avec une équipe technique mobilisée pour l’occasion, pour récupérer les images et leur redonner vie.

Le livre par leurs auteurs
« Le plus mieux, comme disent les mômes, sera de raconter comment se sont déroulé les choses autour de cette histoire, qui malheureusement n’est pas pour les mômes malgré les croquis et les bulles. J’appelle ça une histoire et je pourrais même écrire ce mot avec une majuscule, puisque dans celle-ci l’imaginaire est à peine un pivot ou un point de départ pour le reste, la réalité de l’Argentine lors de ces dernières décennies. Et si on donne en général à ce genre d’œuvres graphiques l’intitulé de comics, de bandes dessinées humoristiques, il sera mieux de dire qu’ici les masques sont tragiques et que cette œuvre d’Alberto Cedrón ne se base pas essentiellement sur le jeu ou sur la fantaisie ; partant de lui-même comme figure centrale du récit, les autres images proviennent des souvenirs et des évocations, de l’horreur et de l’espoir ; chronique d’une vision argentine, j’entends par là une vision actuelle de l’enfer. »
Julio Cortázar, Paris, 1980.

« Ce livre a été réalisé il y a deux ans ; à cause des aléas du destin, peu de temps avant sa parution, une fois encore la réalité s’est faite fiction et la fiction réalité. Le premier juin, Jorge Cedrón, cinéaste argentin, s’est suicidé de quatre coup de couteau dans le cœur, dans les locaux de la police judiciaire, Quai des Orfèvres, Paris. Le texte qui suit ci-dessous est ce qu’il a écrit peu de temps avant de mourir :
Tu reviendras hirondelle
comme les orgues de barbarie

par les antiques ruelles peuplées
comme dans la forêt en feu de ton ventre
ou dans la maisonnette de Santa Clara
que je ferai pour nous
un jour
je la ferai ? Tu reviendras ?
bien qu’avec le front ridé
avec la neige ? Avec le temps ?
pour que survive cet espoir
cet espoir qui grandit et grandit
et ne me laisse me reposer.
Le peuple a retenu la leçon, il est seul
et il doit se battre pour lui-même
et de ses propres entrailles
il doit sortir les peurs, le silence,
l’astuce, la force. »
Alberto Cedrón, juin 1980.

gamins femmes
Le spectacle
Le 20 septembre 2015, Gilles Fossier lit La Racine de l’Ombú à l'occasion du Bazar Littéraire Chez René, à la Cave Poésie Toulouse.
 
On en parle

Le 26 mars 2014, à la librairie Ombres Blanches, Tata Cedrón, le célébre musicien et frère d'Alberto, présente l’œuvre de son frère et son enfance. En partenariat avec le Cinélatino de l'ARCALT.

 

Presse

Martin Hervé, « Floraison d’un automne argentin », Fric Frac Club, mars 2015.

«  Roman graphique : La Racine de l’Ombú », site du NPA, février 2015.

Boris Séméniako, « Nocturne », Le Monde Diplomatique, n°729, décembre 2014.

Notes vagabondes, novembre 2014.

La salida, Chronique, n°89 juin à septembre 2014.

Jessie Bi, « La racine de l'ombú », site du9, avril 2014.

Mathias de Breyne, « La racine de l'ombú : un inédit pour féter le centenaire de Cortazar », Huffington post, 18 août 2014.

André Rollin, « La Racine de l’ombú », Le Canard enchaîné, 19-26 mars 2014.

Jean-Marc Adolphe, « Fresque d'ombres », Mouvement n°73, mars-avril 2014.

Marie Torres, « Cedrón et Cortázar ont évoqué un sujet tragique de façon magnifique et macabre », Micmag, mars 2014.

Pascal Ory, « Les tribulations d'un buveur de maté », Lire n°423, mars 2014.

Eric Bonnargent, « Nocturne argentin », Le Matricule des anges n°150, février 2014.

Chloé Brendlé, « Cortazàr conteur d'un autre », Le Magazine Littéraire n°539, janvier 2014.

« Des racines et des ombres », Toroshiru blog, 24 novembre 2013.

Patricia Martin, « Que lire cette semaine ? », Le masque et la plume, dimanche 24 novembre 2013.

Chronique Le temps, n°815, Suisse, samedi 14 décembre  2013.

Annonce, L'express n°3252, mercredi 30 octobre 2013.

Silvina Friera, « Cortazàr es libertad pura », Pagina 12, Argentine, 16 octobre 2013.

« La part de l'ombre » blog À chacun sa lettre.

« Un dernier atelier en exil », Actualitté, Mathias de Breyne.

« Le royaume des ombres du duo Cedrón et Cortazàr », Mediapart, Patrice Beray.

« Comment les mots de Cortazàr ont traduit les dessins de Cedrón », La République des Livres, Mathias de Breyne.

Alors que ce livre était encore totalement inconnu en France, il avait déjà bénéficié de quatre articles :
« Cases de Cortazàr », Magazine Littéraire, n°532, juin 2013.
« Inédits d'outre-tombe », Le Monde des livres, n°21263, 31 mai 2013.
« Un inédit de Cortázar refait surface », le Point, 7 juin 2012, Marion Cocquet.
Mathias de Breyne, « La Racine de l’ombú », La Matricule des anges, février 2013.